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19/10/2018

 

Conte du pêcheur et du petit poisson

Alexandre Pouchkine

 

Il est impossible, en fait, de traduire un conte de Pouchkine, une merveille singulière. On le fait pour traduire le sens quand même. D’abord, j’ai réuni deux traductions, car la traduction faite par André Lirondelle, qui est en vers libre comme chez Pouchkine, n’existe sur internet qu’en quelques extraits, et celle de E. Vivier-Kousnetzoff est en prose. J’ai mis le tout en vers libre et puis je l'ai modifié à ma façon tout en suivant l’original.

 

Pourquoi ce conte me venait à l’esprit ? La raison est bien visible... Le projet Khazarie est en place, dans les pays et à l’échelle mondiale. Le projet final, la Matrice, va-t-il réussir ? Pouchkine, en tant que prophète (c’est le titre de son magnifique poème) prédit un échec par ce conte. Toutefois, la prison numérique est activement préparée, avec ses attributs diaboliques, la reconnaissance faciale et le contrôle biométrique (et en Chine, dans de nombreuse villes, existe déjà un système de cote sociale). Est-ce que le grand poète se trompait ?

 

 Conte du pêcheur et du petit poisson

 

Vivait un vieux avec sa vieille

Tout près de la mer bleue ;

Ils ont vécu dans leur hutte vétuste

Trente et trois ans jour pour jour.

Le vieux pêchait au filet,

La vieille filait de la laine.

Une fois il lança son filet dans la mer,

Le filet revint plein de bourbe ;

Une autre fois il lança le filet,

Le filet revint avec des algues,

Une troisième fois il lança le filet,

Et le filet revint avec un petit poisson,

Non pas un simple poisson, mais un poisson doré.

Le poisson doré se mit à l'implorer,

Il dit à voix humaine :

« Laisse-moi partir, bon vieux, dans la mer,

Je donnerai pour moi une riche rançon :

Ma rançon, ce sera quoi que tu veuilles ».

Le vieux s'étonna, prit peur :

Il a pêché trente et trois ans

Et n'a jamais vu un poisson qui parle.

Il laissa partir le poisson doré

Et lui dit une parole affectueuse :

« Dieu soit avec toi, poisson doré !

Point n'ai besoin de ta rançon.

Retourne en mer bleue,

Nage libre dans ses étendues ».

 

Revint le vieux auprès de la vieille

Et lui conte le grand prodige.

« Aujourd’hui, j'ai eu un petit poisson,

Un merveilleux poisson doré,

Il parlait tout comme nous,

Suppliait de le laisser partir dans la mer,

Et m’offrait bonne rançon,

La rançon serait ce que je veuille.

Je n’ai osé prendre rançon,

L’ai laissé partir dans la mer ».

Se mit alors la vieille à gronder :

«Tu es un sot, un nigaud,

Qui n'a pas su tirer une rançon du poisson !

Tu as pu demander au moins un baquet,

Tiens, le nôtre est tout fêlé ».

 

Et le voilà qui repart vers la mer bleue,

Il voit la mer légèrement agitée,

Il se mit à  appeler le petit poisson doré.

Le poisson vers lui nage et demande :

« Qu’est-ce que tu veux, bon vieux ? »

Le vieux lui répond, avec un salut profond :

« Aie pitié, seigneur poisson,

La vieille m’a grondé,

Elle ne me laisse pas de repos ;

Elle a besoin d'un baquet neuf

Car le nôtre est tout brisé ».

Le poisson lui répond :

« Ne t'afflige pas, va avec Dieu.

Vous aurez un baquet neuf ».

Le vieux revint auprès de la vieille,

Elle a bien un baquet neuf.

Se mit alors la vieille à le gronder de plus belle.

«Tu es un sot, un  nigaud,

N'a pu obtenir qu’un baquet !

Est-ce un grand profit, le baquet ?

Va auprès du poisson, nigaud,

Salue-le, demande une izba ».

 

Le voilà qui revient vers la mer bleue,

(La mer bleue devint trouble.)

Il se mit à appeller le petit poisson doré,

Le poisson vers lui nage et demande :

« Qu’est-ce que tu veux, bon vieux ? »

Le vieux lui répond, avec un salut profond :

« Aie pitié, seigneur poisson,

La vieille me gronde plus encore,

Ne me laisse pas, le vieux, tranquille,

Elle veut maintenant une izba, hargneuse.

Le poisson doré lui répond :

« Ne t'afflige pas, va avec Dieu.

Ainsi soit-il, vous aurez une izba ».

II alla vers sa hutte,

Or, plus de trace de la hutte.

Devant lui une izba, avec une grande salle,

Une cheminée de brique blanchie,

Une porte en chêne garnie de voliges.

Sous la fenêtre est assise la vieille,

Elle engueule son mari encore plus :

«Tu es un sot, un nigaud !

Tu n'a demandé, nigaud, qu'une izba !

Retourne au poisson, salue-le :

Point ne veux être simple paysanne,

Je veux être grande dame nobiliaire ! »

 

Le vieux se rendit vers la mer bleue,

(La mer bleue est houleuse.)

Il se mit à appeller le petit poisson doré,

Le poisson vers lui nage et demande :

« Qu’est-ce que tu veux, bon vieux ? »

Le vieux lui répond, avec un salut profond :

« Aie pitié, seigneur poisson,

La vieille se fâche encore plus,

Ne me laisse pas, le vieux, tranquille.

Elle ne veut plus être simple paysanne,

Mais veut être grande dame nobiliaire.

Le poisson doré lui répond :

« Ne t'afflige pas, va avec Dieu ».

 

Le vieux revint près de la vieille.

Et que voit-il ! Un grand manoir,

Sur le perron est sa vieille,

En manteau de zibeline,

Un diadème en brocart coiffe sa tête,

Un collier de grosses perles au cou,

Aux doigts, elle a des bagues en or,

Aux pieds, des bottes rouges.

Auprès d’elle, des serviteurs empressés,

Elle les bat, les tire par les cheveux.

Le vieux dit à sa vieille :

« Salut à toi, maîtresse grande dame.

Ton âme est-elle maintenant satisfaite ? »

La vieille cria après lui,

L’envoya servir à l’écurie.

 

Une semaine passa, puis une autre.

La vieille devient plus folle encore,

Envoie de nouveau le vieux chez le petit poisson.

« Retourne au poisson, salue-le :

Je ne veux plus être grande dame,

Je veux être libre tsarine ».

Effrayé, le vieux l’implore :

T’es-tu, vieille, bourrée de jusquiame ?

Tu ne sais ni marcher ni parler comme tsarine,

L’empire entier va se moquer de toi ».

La vieille, en colère, lui donna une gifle.

« Comment ose-tu, moujik, te disputer avec moi,

Qui suis grande dame nobiliaire ?

Va au bord de la mer, je te dit à l'aimable.

Sinon on t’y traînera de force ! »

 

Le vieux revient près de la mer.

La mer bleue devint  noire.

Il se mit à appeller le petit poisson doré,

Le poisson vers lui nage et demande :

« Qu’est-ce que tu veux, bon vieux ? »

Le vieux lui répond, avec un salut profond :

«Aie pitié, seigneur poisson,

La vieille se révolte encore plus.

Elle ne veut plus être grande dame,

Mais veut être libre tsarine ».

« Ne t'afflige pas, va avec Dieu

Bon ! La vieille va être tsarine ».

 

Le vieux revient à sa vieille

Et que voit-il ? Devant lui un palais royal,

Dans le palais il voit sa vieille.

Elle est assise, en tsarine, à table,

Des nobles, des boyards lui servent,

Versent des vins d'outre mer ;

Elle mange des pains d'épice imprimés ;

Autour d'elle, des gardiens redoutables,

Au garde-à-vous, l’hallebarde sur l'épaule.

Une fois vu, le vieux prit peur !

Jusqu'à la terre il salue  la vieille,

En disant : « Bonjour, redoutable tsarine !

Eh bien, ton âme est maintenant satisfaite ».

La vieille, sans daigner le regarder,

Ordonna de le chasser loin des yeux.

Les nobles et les boyars accoururent,

Poussèrent le vieux par le cou à la porte.

À la porte, les gardiens l’attrapèrent,

L'ont failli hacher avec l’hallebarde.

Et la foule de se moquer de lui :

« Tu le mérites bien, vieux rustre !

Retiens cela pour l’avenir :

Occupe-toi de tes oignons, balourd ! »

Une semaine passa, puis une autre.

La vieille devient plus folle encore :

Elle envoie ses courtisans rechercher son mari,

On retrouve le vieux, on l’amène auprès d’elle.

La vielle dit au vieux :

« Retourne, salue le petit poisson.

Je ne veux plus être libre tsarine

Je veux être souveraine de la mer,

Pour que je vive dans la mer-océan,

Pour que le poisson doré me serve

Et s'acquitte de mes commissions ».


Le vieux n’osa point contredire,

N'osa dire un mot là contre.

Voilà qu'il va à la mer bleue.

Il voit sur la mer une noire tempête :

Des flots courroucés font rage,

Montent et déferlent, rugissants.

Il se mit à appeller le petit poisson doré,

Le poisson vers lui nage et demande :

« Qu’est-ce que tu veux, bon vieux ? »

Le vieux lui répond, avec un salut profond :

« Aie pitié, seigneur poisson,

Que puis-je faire avec la maudite femme ?

La voilà qui ne veut plus être tsarine.

Elle veut être souveraine de la mer,

Pour qu’elle vive dans la mer-océan,

Pour que toi-même, tu la serves

Et t'acquittes de ses commissions ».

Le petit poisson ne dit rien,

Seul un coup de queue sur l'eau,

Et il disparut dans les profondeurs marines.

Le vieux attendit longtemps une réponse,

En vain ; il revient à sa vieille...

Tiens : encore devant lui la hutte ;

Sur le seuil sa vieille est assise,

Devant elle le baquet brisé.

 

petit poisson d'or

 

 

En russe Conte du pêcheur et du petit poisson

Traduit par Olga (TdR) en utilisant la version en extraits de A. Lirondelle et la version en prose de E. Vivier-Kousnetzoff