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05/12/2019

 Les origines de la fête de l’Intercession

 

Pokrov 

 L’église des Blachernes

L’histoire de la fête de l’Intercession de la Mère de Dieu est liée à une célèbre église construite au Ve siècle dans le quartier de Blachernes (αἱ Βλαχερναί) à Constantinople, au bord de la baie Corne d’or. Dans les années 470, un objet sacré a été amené de Palestine à cette église : le chiton de la Mère de Dieu. Les Blachernes sont devenues un centre de pèlerinage.

 

En 626, les Avars des Balkans et les Perses de l'Est tentèrent simultanément de s'emparer de la capitale de l'Empire byzantin. En l'absence de l'empereur Héraclius, son fils Constantin dirigeait la capitale. L'empereur Constantin et le patriarche Serge firent le tour de Constantinople avec une prière solennelle en appelant la Mère de Dieu à l'aide. Dans les jours qui ont suivi, les attaques des assaillants ont été complètement repoussées. La libération de Constantinople des barbares, où l'intercession de la Mère de Dieu a été manifestée, raffermit l'importance de Son temple et des objets sacrés. [1]

 

La Mère de Dieu des Blachernes  a révélé de nouveaux miracles lors de plusieurs sièges de Constantinople, par les Arabes, les Russes, les Bulgares. La tentative d'attaque des tribus russes, païens à l’époque, dans les années 860, est décrite dans la chronique médiévale (document en russe, p. 69, et la chronique en français).

L'église a brûlé pour la première fois en 1070, et fut rebâtie, et pour la deuxième fois en 1434, et n'a plus été rebâtie.

Note. Essayez de trouver ces lieux saints sur la carte peut amener une personne russe aux réflexions profondes.

 

La fête

Un événement miraculeux survenu dans cette église est à l’origine de la fête. Vivait à Constantinople au X siècle un grand ascète chrétien, saint André de Tsargrad, appelé aussi André le bienheureux, saint fol-en-Christ. L’histoire de sa vie surprenante, écrite par son ami, l'higoumène Nicéphore, dit qu'il venait des pays slaves et fut amené à Byzance à l’àge de quinze ans, parmi les autres qui ont été capturés par les brigands sarrasins. Il fut vendu comme esclave à un habitant de la ville, Théognost, qui l'a éduqué comme un homme libre, lui enseigné les Saintes Écritures, les Psaumes, la piété. Il allait souvent dans les églises et aimait lire des livres saints, en particulier sur les saints martyrs, les vies des saints pères, et son cœur brûlait du désir de devenir comme eux. Et dans son cœur, il a décidé de commencer une vie juste. Et ainsi, il a commencé à servir Dieu.

 

Saint André de Constantinople, icôneSaint André de Constantinople, icône

Dans les années 910, Byzance était en guerre avec les Sarrasins qui assiégeaient la ville sainte de Constantinople. Rassemblés pour la vigile dans les temples, les gens demandaient l'intercession de la Reine des cieux et la protection de la ville contre l'invasion des étrangers.

Le dimanche 1er octobre, pendant la veillée nocturne dans l'église des Blachernes, saint André et son disciple Épiphane ont vu la Mère de Dieu se tenir « sur l'air », entourée de saints, étendant Son voile (foulard) au-dessus des chrétiens, les protégeant ainsi de leurs ennemis visibles et invisibles. La Très Sainte Dominatrice rayonnait de gloire céleste, et le voile dans Ses mains brillait « plus fort que les rayons du soleil ».

Il existait dans Constantinople les icônes de la Mère de Dieu, comme Elle a apparu à saint André et Épiphane, aux dires d’un pèlerin russe du XIVe siècle.

La fête de l’Intercession de la Mère de Dieu, avec le service religieux, fut établie en Russie au milieu du XIIe siècle sous le Prince Andreï Bogolubski, un Prince très pieux, assassiné en 1174 à la suite du complot ennemi.

 
 

Saint Jean de Kronstadt

Parole au jour de l'Intercession de la Mère de Dieu

Au début du Xe siècle, en 910 depuis la Nativité, sous l'empereur grec Léon le Sage et le patriarche Tarasius, dans l'église des Blachernes à Constantinople, lors de l’office nocturne, la Mère de Dieu apparut devant les yeux des humains élus, avec les visages des anges et des saints. Couvrant les gens qui priaient de Son digne voile, Elle priait Son Fils et Dieu de les sauver des ennemis qui portaient la destruction à la capitale et l’asservissement et la mort aux habitants. Par l'intercession de la Protectrice céleste, l'ennemi a été chassé et la ville a été sauvée. En mémoire de la protection gracieuse de la Mère du Seigneur, à notre pays en particulier, l’Église russe orthodoxe décida depuis les temps anciens de célébrer chaque année le souvenir de l’Intercession de la Mère de Dieu.

 

Le Royaume russe existe depuis plus de mille ans et il est difficile d’énumérer combien de fois la Protectrice céleste l’avait mis à l'abri du malheur par son intercession de prière auprès du Seigneur des Pouvoirs. Mais en protégeant toute la patrie, le peuple, Elle étend sa couverture souveraine au-dessus des villes et des villages et des particuliers. Tous les orthodoxes le savent, car les villes, les villages et la vie de très nombreux chrétiens pieux sont pleins d’exemples de Sa protection et intercession. En l'honneur de la fête et pour notre édification, disons, frères, comme l'intercession de prière de la Mère de Dieu nous est indispensable.

 

Nous sommes loin, loin de comprendre, frères, à quel point les prières de la Très Sainte Mère de Dieu pour nous sont nécessaires, et pour voir cette nécessité, il faut avoir l’œil ou l’esprit beaucoup plus propre et clair que le nôtre. Seule notre très tendre mère, pure et sainte Église, voit clairement à quel point l'intervention de la Mère de Dieu en notre faveur est nécessaire ; c'est pourquoi chaque fois qu'elle commence à prier avec nous, elle appelle invariablement la Vierge, choisie parmi les femmes, supérieure des créatures du ciel et de la terre, et prie de nous donner à Sa demande quelque chose de bien, ou de nous soulager d’un malheur, si bien qu’il est difficile de trouver une prière sans le nom de la Très Sainte Mère de Dieu. Et à juste titre ! La Mère du Dieu-Parole, la plus proche du trône du Divin, peut beaucoup pour la charité ou la miséricorde du Dominateur.

 

Nous sommes pécheurs et impurs, et Elle est la plus Pure ; Ses prières nous procurent la grâce, si seulement nous voulons nous purger et n’ajoutons pas de nouveaux péchés aux péchés. Nous sommes orgueilleux avec notre impureté, et Elle est si humble avec toutes Ses vertus, avec toute Sa grandeur ; Ses humbles prières ne peuvent pas nous laisser sans rémission, nous orgueilleux et récalcitrants, si nous nous humilions devant Dieu et devant Elle ! La Mère de Dieu est comme un mur inébranlable entre Dieu et les hommes ; Elle élimine la plupart des tonnerres de la justice céleste prête à punir les pécheurs ingrats. C’est ce mur qui nous procure souvent la sécurité, alors que nous pensons que notre sécurité est une conséquence de l’ordre ordinaire des choses. Mais considérons de plus près la position de l'homme sur la terre afin de voir plus clairement comme l'intercession dans la prière de la Mère de Dieu lui est nécessaire.

 

Depuis que l’homme a perdu son innocence, son bonheur et son immortalité, il présente une image terrifiante des calamités qui le tourmentent, internes et externes, mentales et physiques, de sorte qu’il est impossible de ne pas voir à tout le monde qu’un joug pesant accable les fils d’Adam, depuis le jour où ils sortent du ventre de leur mère jusqu’au jour où ils retournent à la mère universelle (Sir. 40:1), dans la terre. L’homme qui perdit son état bienheureux depuis longtemps, croit déjà à peine en félicité céleste qui lui est promise, et ne veut pas comprendre que la vie actuelle n’est pas la vie au sens propre, car elle n’est rien de plus que la préparation à la vie au ciel. Et il se donne libre cours ici, faisant souvent de sa vie une scène des passions violentes ; il s’amuse comme si sa vie était un jouet, sans tâcher de savoir ce qui va lui arriver quand elle se brisera finalement ; il ne l’utilise pas de la manière dont même le sens commun de chacun prescrit, car la vie d’un être doué de raison doit avoir un but raisonnable, spirituel. D'autre part, l’homme qui vit pour la plupart dans des maladies, des chagrins, des troubles, dans des soucis exténuants mais inutiles pour l'âme, s'avère souvent écrasé par leur fardeau, et ne trouve pas ni secours ni réconfort.

 

Comme il était nécessaire et gratifiant, dans une situation aussi misérable, de trouver au ciel un visage qui aurait un amour le plus sincère et le plus doux pour nous, qui aurait un grand pouvoir auprès de Dieu et qui, par notre prière, pourrait nous aider à nous détacher un peu de la terre par l’illumination de la lumière céleste, nous édifier pour le salut, nous prévenir des tentations, ou aider à les surmonter, et atténuer la cruauté de nos chagrins, maladies et autres malheurs ! Les chrétiens ont bien ce visage clair : la Mère de Dieu. La plus choisie de toutes les femmes du monde, des tous les lieux et des tous les temps, Elle compatit naturellement avec les gens, étant semblable à eux, plus fort non seulement qu’un individu, mais plus fort que l'ensemble des gens, car aucun cœur humain n’est capable d’aimer tous les gens avec cet amour que la Mère de Dieu a pour nous. Seul un cœur pur peut aimer tous les gens, et personne n'a eu un cœur plus pur que celui de Marie.

 

Nous aimons parfois un homme malheureux, mais ne pouvons pas l'aider. Dans ce cas, un nouveau sentiment douloureux s’ajoute à la douleur de la compassion : l’incapacité à aider au malheureux. Cela ne peut pas être avec la Mère de Dieu. Si Elle veut aider un malheureux qui fait appel avec la foi vivante à Son intercession, Elle ne le laissera pas sans secours. En tant que Mère du Fils tout-puissant et Dieu, Elle est aussi en quelque sorte toute-puissante. Dieu décida de nous gracier infiniment pour Ses prières, plus que pour les prières de tous les autres saints, selon la hauteur même de Son service au sacrement de la rédemption, et par conséquent, Il écoute toutes les prières de Sa Très Sainte Mère, car toute Sa prière est sainte et Lui plaît.

 

Et ainsi, si vous vouliez sauver vos âmes de la perdition éternelle, cesser d’être un esclave des passions, ou supporter les maladies, les chagrins et les malheurs de la vie paisiblement et sans peine, priez tous la Mère de Dieu, demandez Sa haute assistance, Ses consolations, demandez avec ferveur, sans relâche, comme si vous L'aviez vue devant vos yeux dans Sa gloire divine – et vous recevrez certainement Son aide ; Elle vous offrira certainement Sa protection. Vous allez vous-même le voir, sentir, toucher, ce sera si facile, si paisible et gai pour vous. Et si vous ne le recevez pas, c’est votre faute : cela signifie que votre prière n’a pas été sincère et digne.

 

Qui est placé mieux que la Mère de Dieu pour intercéder en faveur de nous, qui pourrait être davantage à l'écoute de nos prières ? Bien qu'Elle soit maintenant au ciel, dans toute la gloire céleste, mais Elle est de nous, de notre terre pécheresse, a vécu ici comme nous et a également connu beaucoup de chagrins ; est-ce qu’Elle pourrait ne pas entendre de là-haut, ne pas intercéder pour les Siens ? Mais il ne faut pas oublier, frères, qu'Elle est la Très sainte et n'aime pas l'iniquité. Par conséquent, en demandant dans les prières l’intercession pour nous auprès de Dieu, essayons de nous éloigner de tout péché comme de l’impureté qui détourne de nous les yeux et l'ouïe de la Protectrice céleste et attire sur nous la colère du ciel.

 

Avec un cœur pur, venons à Sa puissante protection dans nos malheurs, chagrins et maladies, et plaçons sur Elle une espérance sûre. Au milieu des calamités de la vie, préparons-nous pour aller là où il n'y a pas de malheurs, où règnent la joie et la paix éternelle, et il sera agréable à la Reine des cieux de nous sauver et de nous protéger des ennuis, et de nous guider vers le havre céleste toujours calme. Couvre-nous, Dominatrice, avec Ton digne voile, et délivre-nous de tout mal, en priant Ton Fils, le Christ notre Dieu, de sauver nos âmes. Amen.

 

 

Source Parole au jour de l'Intercession de la Mère de Dieu

Traduit par Olga (TdR)